Je niaise un peu avec ce titre, mais y a un contexte.
Je discutais récemment avec je ne sais plus qui de combien, chaque fois que je termine mon quart de travail au journal, on dirait que la fin du monde est imminente.
Les manchettes catastrophiques se succèdent et, au pupitre édition, je peux passer dans une même heure d’un article à propos de la Guerre au Moyen-Orient à un autre sur l’inflation et la crise du logement ou encore la récession qui nous pend supposément au bout du nez. (Cet hiver, c’étaient les périls de l’intelligence artificielle et le front ukrainien qui prenaient toute la place; ce printemps-été : les feux de forêts, tornades et autres glissements de terrain...)
Je pense que c’est pour ça que je ne commente pas beaucoup l’actualité sur «mes réseaux», vu que je trempe déjà dedans. Cela m’affecte évidemment, mais j’essaie quand même de relativiser. Je sors prendre des marches, j’écoute de la musique et, parfois, ça fonctionne, mon coup de cafard passe.
Il arrive aussi que ma morosité ne dure pas parce que je reçois de bien belles nouvelles. Et on dirait que mon premier réflexe dans ces temps-là est de partager ces moments de joie avec vous. Or cet automne en est un particulière fructueux en la matière...
UNE INVITATION
Et, parlant de belles nouvelles, puisque la programmation du Salon du livre de Montréal a été dévoilée, je peux désormais vous en parler : j’y prendrai part encore cette année, notamment en participant à la table ronde Écrire l'impensable.
Celle-ci réunira Léa Clermont-Dion, pour Porter plainte, Neige Sinno, pour Triste tigre (livre qui est en lice cette saison pour le Femina, le Goncourt et le Médicis, entre autres), la formidable Lynda Dion à l’animation et moi-même, pour Une détresse contrôlée.
La description de l’activité va comme suit : « Il y a des faits qu’on n’ose pas nommer tant ils sont inconcevables. Comment réussir à les ancrer sur papier, et dans quel but? Les participant·e·s de cette rencontre font face à des souvenirs douloureux et tentent d’expliquer l’importance de l’écriture comme outil de catharsis et de réconfort. »
Bon, il ne me reste plus qu’à chasser la nervosité pour ne conserver qu’un vaste sentiment de gratitude: merci au Salon pour cette formidable invitation!
La table ronde se tiendra à l'Espace littéraire du salon, le samedi 25 novembre, de 12h45 à 13h45.
La discussion sera pour ma part suivie d'une séance de dédicaces au kiosque de la maison d'édition Hamac (no 1716). Le plan du Salon est disponible ici. (Encore une fois, cette année, le Salon du livre se tient au Palais des congrès de Montréal.)
AVENTURES EUROPÉENNES
Tout comme les 11 brefs essais sur la beauté avant eux, nos 15 brefs essais sur l’amour n’ont pas fini de faire jaser... Ils paraîtront dès novembre de l’autre côté de l’océan, en France, en Suisse, en Belgique ainsi qu’au Luxembourg. La date de sortie officielle dans les librairies de l’Europe francophone est le vendredi 17 novembre prochain.
Lecteurices européen·nes, vous pouvez dès maintenant réservez vos copies auprès de votre libraire habituel·le. 😊
LES AMI·ES DE FRANÇOIS BLAIS
Dans l’infolettre inaugurale, je vous parlais du colloque sur François Blais, tenu un an après sa mort, auquel j’ai assisté à Trois-Rivières le printemps dernier. Là-bas, j’avais assisté à la communication de Claudie Létourneau de l’Université Laval intitulée «Désacralisation de la littérature et autres instances. Le cynisme dans l’œuvre de François Blais».
Or, cette semaine, est paru sur le site de Rhizome — les ami·es avec qui j’ai collaboré au projet spécial pour faire rayonner la littérature québécoise sur Wikipédia — un merveilleux texte de Claudie intitulé Quelque chose est mort en même temps que François Blais, dans lequel elle raconte de manière très personnelle le deuil de son écrivain préféré.
Il se trouve que nous avions le même écrivain préféré, comme en témoigne cette photo (trop modeste, François avait écrit «parmi tes auteurs préférés», mais on sait ce qui en est).
Excellent, le texte de Claudie m’a brassée de la tête aux pieds. Je lui suis immensément reconnaissante de l’avoir écrit. Nous sommes plusieurs endeuillé·es à qui, j’en suis convaincue, elle a fait beaucoup de bien.
Au moins, pouvons-nous nous dire, nous ne sommes pas seul·es.
Extrait :
« La frontière se floute entre ses personnages, lui et moi. La lecture de ses œuvres était le remède à mon nihilisme, qui trouvait refuge auprès d’autres incompris. Je voyais mes idées noires prendre vie sur les pages comme si j’étais celle qui les avait remplies : "il nous semble inconcevable, à nous qui sommes allés sur la Lune, nous qui avons écrit l’Odyssée et Hamlet, nous qui avons inventé la poudre à canon, Internet et la rôtissoire verticale, que notre existence ait la même finalité que celle du marsouin et de la crevette." Mais celui qui leur donnait vie s’est enlevé la sienne. Lorsque j’aurai terminé la lecture de toutes les œuvres de François, j’aurai possiblement fait le tour de toutes mes échappatoires. Je devrai alors pleinement jouer le jeu moi aussi.
Ce qui me pousse enfin à continuer mon mémoire, c’est cette impression de toucher à bien plus que la littérature québécoise. Le malaise auquel je m’attarde est loin d’être fictionnel : depuis le quatrième siècle avant Jésus-Christ, Diogène nous parle de remuer les lieux communs en arrachant les masques et en dénonçant les supercheries. Je me dois de poursuivre ce travail que François a déjà si bien amorcé. »
MADAME LA DIRECTRICE
Le monde de l’édition, bien loin du rythme effréné du journal quotidien, en est un de patience et de labeur au long cours. Or c’est la saison des récoltes pour moi à titre d’autrice, mais aussi de directrice littéraire.
Parmi les ouvrages dirigés qui paraissent ces jours-ci, il y a l’audacieux et mordant petit illustré pour adulte de Mylène Mackay (illustrations Geneviève Boivin-Roussy) Mon cœur accroché sur vos murs en cartons, en librairie le 7 novembre.
C’est un texte sur lequel on a commencé à travailler au début de 2022, Mylène et moi, et chaque mot a été pesé et soupesé. On ne s’en cache pas, il ressemble dans sa forme à Quelques jours avec moi (ou encore à certains livres de Sylvie Laliberté), mais le propos y est radicalement différent. Là où, par exemple, j’y allais d’une prose évocatrice, Mylène coupe dans le vif et tranche la chair.
C’est un livre qui transpire la colère féconde, un peu à la manière du populaire collectif Libérer la colère, paru il y a quelques années.
LANCEMENT INOUBLIABLE
Je vous l’annonçais dans la précédente infolettre, et cela a eu lieu, le lancement d’Une détresse contrôlée à mon bar de quartier, le pub L’espace public, sur la rue Ontario, à Hochelaga, et ce fût MÉMORABLE.
Je vous en glisse quelques photos ici pour vous donner une vague idée. 😉
Merci encore à toustes celleux qui étaient présent·es!!
Et voilà, je pense que ça fait le tour pour le moment; je vous dis à très bientôt, quelque part le mois prochain.
Tourlou!
J'ai entendu tellement de bien de «Triste tigre», venant de gens dont l'avis littéraire m'est précieux (et avec qui je partage plusieurs goûts), mais je suis honnêtement terrifiée de le lire. Cela dit, je devrai venir à votre table ronde all stars!