Évidemment que je parle de l'élection de Donald Trump, puis de celle à prévoir de Pierre Poilievre, puis du climat morose en général, du documentaire sur les masculinistes, du lynchage d’un parlementaire québécois ayant abordé, dans ses propres mots, les enjeux du racisme systémique et de la fabrication de l’autre.... C'est à tout cela — qui me déprime au plus haut point — que je réfère en parlant d’une ère sombre.
Parlant d’«othering», je vous invite si ce n’est déjà fait à vous intéresser aux travaux de l’amie Toula Drimonis, qui a signé en 2022 le formidable bouquin We, The Others (la traduction, Nous, les autres, est parue en début d’année).
Sinon, comme d'habitude, moi sur le plan perso et pro, ça va plutôt. Je veux dire, tout le monde a ses difficultés, mais ça roule ma poule, j'avance mes projets.
Je vous le dis tout de suite, il y aura encore plein de nouvelles affaires en 2025, dont je ne peux pas parler tout de suite. Peut-être que le mois prochain je pourrai en annoncer, on verra.
D’ici là, voici les nouvelles pour cette infolettre de novembre !
DATE REPORTÉE
Bon, dans la dernière infolettre, je vous annonçais que s’en venait un Tinder littéraire à l'émission d’Émilie Perreault et vous aurez deviné que le segment a dû être reporté pour des raisons hors de notre contrôle...
Il aura donc bel et bien lieu, le jeudi 5 décembre prochain. Nous serons en ondes à compter de 14h Kim Lévesque-Lizotte et moi (ben après le bulletin de nouvelles là). J’ai très hâte!
TRISTESSE À L’EXPOZINE
C'est l'Expozine cette fin de semaine à Montréal et, comme le veut la tradition, ce sera l'occasion de lancer le numéro annuel de la revue Tristesse, qui a regroupé une fois de plus un line-up de titan·ides, et dans lequel je signe un micro récit inédit.
C'est une revue qui n'est pas facile à dénicher, alors je vous conseille vivement de passer à l'Expozine vous procurer votre copie.
Sinon, vous la trouverez éventuellement dans quelques endroits tels que la Fondation Molinari, la Galerie arprim, Le Port de tête, L’Euguélionne, N’était-ce pas l’été et Zone Libre
En Europe, Tristesse se vend à Bruxelles (Librairie Tulitu) et à Lille (L’affranchie).
J’ai eu la chance cette fois-ci de rédiger ma contribution durant ma formidable résidence québécoise à la Maison de la littérature, en septembre et octobre derniers.
Je vous en glisse quelques extraits ici, en attendant le lancement :
«Ça, c’est un mémo vocal envoyé à mon amoureux. En une minute vingt secondes, presque d’un souffle, je venais en quelque sorte d’esquisser mon portrait-robot grâce à la bande dessinée que j’étais en train de lire et qui portait sur le sort réservé aux femmes autistes. Contrairement à leurs congénères masculins, ces dernières en sont réduites à camoufler leur véritable nature, le fameux masking, pour répondre aux attentes sociétales envers les femmes. Cette bande dessinée a eu l’effet d’une révélation pour moi. C’est ce que je m’étais inconsciemment efforcée d’accomplir depuis toujours : cacher ma véritable nature. Et je m’y étais attelée de toutes sortes de manières : ajuster mon attitude, mon ton de voix, mes expressions faciales pour me conformer au groupe. Ne pas dire qu'un stimulus sensoriel (me faire toucher, de la musique trop forte, trop de lumière, la température trop chaude d’une pièce...) me dérange; ou plutôt, ne pas m’accorder ne serait-ce que le droit de réaliser et de nommer le fait que je suis incommodée. Et puis me forcer à participer à des événements malgré les inconforts sensoriels, rire aux blagues que ne n’ai pas comprises, faire semblant que lire, écrire et calculer est facile pour moi, adopter l’hyper vigilance comme seconde nature, en étant toujours préoccupée par la perception que les autres ont de moi... En gros, masquer mes traits autistes, c’était tenter d'être normale. [...] j’ai beau savoir qu’il est de loin préférable de renoncer au masking – pour répondre à mes besoins de base, mais aussi pour développer des relations plus authentiques, voire normaliser la neurodivergence –, j’ai du mal. L’air du temps ne le laisse pas présager, mais la différence dérange encore, met mal à l’aise, suscite des incompréhensions et malentendus. C’est le serpent qui se mord la queue : plus les personnes neurotypiques verront nos comportements, plus elles s'y habitueront. Mais à quel prix, entre-temps, pour les principaux et, surtout, les principales intéressé·es ? [...] Caméléons par nécessité, les femmes autistes adoptent parfois les accents, tics de langage et gestuelle de leur interlocuteurices, comme autant de stratégies de survie sociale. Malheureusement, cette forme de mimétisme est trop souvent décodée à tort par de nombreux hommes comme des tentatives de séduction. Ajoutez à cela une magnifique candeur, qui les mène à faire d’emblée confiance aux autres, et vous comprendrez qu’elles forment un bassin de proies idéales pour les agresseurs de ce monde.»
LONGUE VIE
Sinon, le livre Solitudes continue de vivre sa mozus de belle vie!
J'ai eu la magnifique surprise de le découvrir mentionné par India Desjardins parmi les ouvrages québécois incontournables sur le féminisme dans une excellente entrevue qu'elle a accordée à la Gazette des femmes.
«Plus près de nous, mon récent coup de cœur est l’essai Hors jeu, de Florence-Agathe Dubé-Moreau, sur la (non-) place des femmes dans le sport. Ainsi que Solitudes : une décennie de réflexions féministes, de Marilyse Hamelin, pour constater que même si certaines choses évoluent, on tourne souvent en rond, et que celles qui prennent la parole s’épuisent. Et je vais terminer par Les disgracieuses, de Claudia Larochelle, qui pose un regard bienveillant et qui réfléchit a posteriori sur trois souvenirs douloureux qui l’ont construite comme femme. Trois livres à lire absolument!»
Merci !!
Marie Demers m'a aussi fait l’honneur de parler de mon livre à l'occasion de sa participation au podcast Vraiment litt.
C’est un super bon épisode, je le recommande chaudement.
DÉDICACES (OU JUSTE JASAGE)
Je vous ai bassiné pas mal avec ça sur les réseaux sociaux, mais c'est le Salon du livre de Montréal la semaine prochaine et j'ai enfin un beau visuel à vous montrer :
Je reprends donc mon petit laïus : surtout, ne soyez pas gêné·es, ne vous sentez pas obligé·es d'acheter quoi que ce soit, passez me voir juste pour discuter! J’en serai très heureuse, ça vaut tout l'or du monde à mes yeux.
Et, même si je parle déjà avec quelqu'un•e, sachez que je vous ai vu·es du coin de l'œil et que j'ai hâte de vous jaser ça une fois rendue à vous, alors restez en file svp? 🙏😉
FRONT COMMUN
Je ne sais même plus à quel point ça vaut la peine de parler de ça dans le contexte politique actuel au Québec (ainsi qu’au Canada et plus largement, en Amérique) alors qu’on va de déconfiture en déconfiture, mais en ce moment il y a cette campagne du Front commun pour les arts qui réclame une bonification des enveloppes pour la culture au Québec.
Le gouvernement Legault a coupé dans les fonds du Conseil des arts et des lettres, une très mauvaise nouvelle pour notre société.
Plus que jamais quand le monde se durcit, les arts sont nécessaires. D'ailleurs, on l'a vu pendant la pandémie, à quel point on serait viré·es fouolles sans les livres, le cinéma, les séries télévisées, et à quel point on était content·es de retrouver les arts vivants... Comme le dit le slogan, la culture mérite mieux, et ses artisan·es aussi! Cessons de voir la culture comme une dépense et les artistes comme des quêteux·euses.
Parmi les revendications du front commun :
· Porter à 200 millions $ les crédits permanents du CALQ dès la prochaine année financière ;
· Viser la consolidation des budgets du CALQ en rendant l’ensemble de ses crédits permanents ;
· Systématiser l’indexation des programmes du CALQ ;
· Faire de la culture d’ici une véritable priorité gouvernementale dotée d’une vision à long terme pour les milliers d’artistes et travailleurs et travailleuses culturel·les du secteur.
Sauf erreur de ma part et selon l’information disponible au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement n’a rien prévu pour le secteur dans sa mise à jour budgétaire. 👎
Sur ces bonnes paroles d’écrivaine un peu découragée, je vous retrouve en décembre!