Ç’a brassé! Je pensais que mon quotidien ralentirait pendant ma résidence d'écriture à Québec. J’imaginais une expérience solitaire, quasi monastique. Mais non, la vie est venue à moi ces dernières semaines avec des tribunes et des invitations de toutes sortes. Au final, ç’aura été une période de superbe rayonnement pour mon plus récent livre et, de manière plus large, pour l’ensemble de mon travail.
Avant de vous récapituler tout ça, vous dire que, bien souvent, même les événements positifs — dans ce cas-ci la reconnaissance, ce que tout·e écrivain·e espère — nous font ressentir des émotions intenses, nous placent dans un état de fébrilité généralisée.
L’exaltation, c’est tripant, et c’est aussi vidant. Plus tôt cette semaine, je disais en joke à une amie, «je n’accepte plus aucune invitation d’ici la mi-novembre parce que je suis au bord de la crise de nerfs.»
C’était une proverbiale blague pas blague... 😉
Je dis « ç’a brassé », mais ce n’est pas exactement fini alors que je conclus ma résidence dans trois jours pour rentrer au bercail montréalais, d’où je prendrai part trois jours plus tard à l’émission Il restera toujours la culture animée par Émilie Perreault sur ICI Première.
J’y suis invitée dans le cadre de la rubrique «Tinder littéraire». J’ai eu envie de rencontrer l’humoriste et scénariste Kim Lévesque-Lizotte et, ça tombe bien, elle a accepté l’invitation! J’ai très hâte d’échanger avec elle sur sa pratique d’écriture et son parcours féministe; je suis très curieuse et j’ai évidemment plein de questions pour elles.
Comme je le disais en intro, les dernières semaines ont été marquées par une succession de moments grisants. Et l’un d’entre eux, qui m'a fait vivre beaucoup d'émotions, est survenu lundi de la semaine dernière, quand j'ai découvert que le subpoena — aka la recommandation culturelle «obligatoire» — de la chroniqueuse Jessica Barker à cette même émission radio-canadienne n’était nul autre que la lecture de mon Solitudes, une décennie de réflexion féministe, dont elle a fait une recension pour le moins dithyrambique. J'étais tellement émue!
Surtout que, pas plus tôt que la semaine d’avant, cette fois le dimanche, était paru dans La Presse cette incroyable recension (et aussi un peu portrait) par la journaliste Nathalie Collard, un texte extrêmement généreux à mon endroit et ravigotant en ce qui me concerne!
«Évidemment, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable: comme l’observe Marilyse Hamelin, il y a un ressac actuellement – les jeunes hommes adeptes d’Andrew Tate, la haine anti-LGBTQ, le discours d’extrême droite dans les réseaux sociaux –, mais il y a aussi une nouvelle génération de jeunes femmes et de jeunes hommes à l’esprit aiguisé et aux arguments béton qui veillent au grain.
Cette nouvelle génération a une dette envers des femmes qui, comme Marilyse Hamelin, ont mis leur plume bien trempée et leur énergie vitale au service de l’égalité, de l’équité et de la liberté des femmes. Quand on est pigiste par-dessus le marché, avec toute la précarité et l’insécurité qui viennent avec le fait de ne pas être protégée par un emploi permanent, une entreprise ou une université, c’est d’autant plus admirable.»
Et comme si ce n'était pas assez, cette semaine, mardi plus précisément, c'était au tour de la chroniqueuse Marie-France Bazzo d'avoir de formidables mots pour mon livre, là aussi dans La Presse.
«Marilyse n’est pas du genre à compiler ses textes pour faire étalage de narcissisme. Ses chroniques ne sont pas des coups de gueule, mais des regards parfois inquiets, toujours honnêtes. Au fil des ans, on voit son point de vue s’affiner, s’étoffer, certains thèmes revenir. Elle évoque la sous-représentation des femmes au pouvoir, les répercussions des vagues de dénonciations, l’impact de la maternité sur les femmes. Mais surtout, elle parle de l’épuisement militant, de la lassitude qui la gagne, sujet tabou, mais ô combien révélateur et passionnant. Elle évoque un ressac, mais fait aussi preuve d’empathie et d’espoir en regardant aller ses cadettes.
Voilà un ouvrage généreux et stimulant qui questionne hommes et femmes, qui nous fouette. Marilyse Hamelin est peut-être fatiguée, mais ni découragée ni décourageante !»
Non, mais, difficile d'être plus choyée!
Autre événement excitant entourant mon retour dans la grande région montréalaise: mon passage à venir, dans deux semaines, au campus Longueuil de l'Université de Sherbrooke. J’y serai le 6 novembre pour rencontrer les étudiant·es de Marie Lamarre inscrits au Diplôme d'études supérieures spécialisées de 2e cycle (DESS) en édition.
Ça sera ma première participation à une rencontre scolaire s’inscrivant dans le dans le cadre du programme Parlez-moi d’une langue, qui permet aux écrivain·es de rencontrer les étudiant·es d’établissements d’enseignement collégial et universitaire ou d’éducation aux adultes avec le soutien financier du gouvernement du Québec.
J'en profite pour vous dire de ne pas vous gêner pour à m’inviter dans vos classes, c’est pour moi source à la fois de réflexion sur ma pratique et d’échanges stimulants. Et, comme vous le savez les profs, c’est également pour nous écrivain·es une source de revenus précieuse pour poursuivre notre travail.
Il s'est tellement passé de choses ce mois dernier que ce serait facile d'en oublier, mais, heureusement, j'ai tenu un journal de bord de ma résidence, qui a eu plusieurs retombées.
Comme mentionné dans la précédente infolettre, j'ai pris part à une table ronde sur l’autofiction à la Maison de la littérature. Cela nous a valu à Valérie Forgues — animatrice de ladite table ronde ainsi qu’écrivaine et éditrice de son état — et moi d'être invitées par la journaliste culturelle Tanya Beaumont à l'émission du retour d'ICI Première Québec, pour aborder les enjeux entourant cette pratique.
Parlant d’autofiction, ça me fait penser que ce mois-ci, l’an dernier, paraissait mon propre récit s'inscrivant dans ce courant littéraire et intitulé Une détresse contrôlée. Livre déroutant, en forme de boule miroir de fragments éclatés puis recollés, mis bout à bout pour raconter une histoire; il paraît qu’on l’adore ou on le déteste. Ça me va.
Ce fut donc une formidable table ronde avec Camille Paré-Poirier et Catherine Côté, deux dramaturges pour qui j'ai eu le coup de cœur. J'ai d'ailleurs profité du fait que Camille était à Québec pour présenter sa pièce Je viendrai moins souvent au Périscope pour assister à la dernière des supplémentaires. Bon sang que je n'ai pas regretté ma décision! C'était une pièce bouleversante et, pour une personne endeuillée, vous vous doutez bien que c'était cathartique d'entendre parler de soins de fin de vie.
La bonne nouvelle, c'est que notre table ronde à la Maison de la littérature a été enregistrée. C’était un fichu de bon moment qu'on a eu avec Valérie, Camille et Catherine; je vous glisse le lien ici si ça vous dit d'entendre quatre femmes développer et déplier vraiment beaucoup le sujet de l'autofiction pendant plus d'une heure.
Je termine donc ma résidence d’écriture à Québec, qui a été marquée par une série d’événements et d’entrevue, dont celle-ci, une rencontre coup de cœur avec Anne-Josée Cameron de l'émission Fahrenheit 89,1 à la station CKRL-FM, à Limoilou.
C'était une entrevue d’à peine 10-15 min et c'est là qu'on voit tout le talent d’une intervieweuse expérimentée parce qu’elle m’a amenée à parler tellement largement de Solitudes et de mon expérience de militance… Je vous glisse le lien ici, il faut cliquer sur l'épisode du 10 octobre.
En novembre je serai de retour au programme régulier (whatever that means), un mois qui sera marqué à la fin par la tenue du Salon du livre Montréal, auquel bien entendu je prendrai part.
Je peux d’ores et déjà vous indiquer mes dates et heures de séances de dédicaces, si vous êtes du type à tout planifier (désolée de ne rien avoir de plus «graphique», le site du salon sera bientôt mis à jour):
Jeudi le 28 novembre, kiosque no 317: de 18h à 19h
Samedi le 30 novembre, kiosque no 317: de 15h à 16h
Voilà, c'est tout; je ne sais pas pour vous, mais je me sens essoufflée juste d'avoir écrit tout ça. Et je n’ai pas tout dit, car évidement que j’ai écrit durant cette résidence... D’ailleurs un texte s’en vient dans le prochain numéro de la revue Tristesse. À suivre!
Maudit que t’es awesome!!