Je me sens un peu vide en ce moment. Mon plus récent manuscrit est parti chez mon éditrice. Il s’agit d’un essai/recueil introspectif abordant mes années d’engagement féministe. J’y reviens sur mes écrits durant cette décennie.
J’ai le bonheur et le privilège pour ce livre de travailler avec l’autrice Catherine Voyer-Léger à la direction littéraire, une collaboration féconde qui me fait beaucoup de bien.
Maintenant que le manuscrit n’est plus entre mes mains, je dois lâcher du lest, penser à autre chose, attendre. C’est une période de latence, de flottement.
Je me sens dans un drôle d’entre-deux. Pourtant ma table de travail n'est pas complètement vide. J'ai déjà une idée pour un autre livre. Même que j'ai dû la creuser un peu plus rapidement que j’avais prévu, car j'ai déposé une demande de résidence d'écriture avec bourse pour l’automne, en vue de m’y consacrer pleinement.
Ce n’était que ma deuxième candidature à vie pour une résidence et j’ai peu espoir d’être choisie puisque celle-ci est prestigieuse et courue. Reste que ça m'a permis de bien réfléchir à mon projet et de mieux le circonscrire.
Malgré tout, je sens que le fruit n'est pas encore mûr pour commencer la rédaction de ce projet. Mon esprit est fatigué et je dois juste... attendre. Ce n'est pas évident pour moi. Dans toutes les étapes de la création, c’est celle que je trouve la plus difficile : les débuts durant lesquels il faut naviguer à vue.
Comme je l’écrivais dans Une détresse contrôlée, au début de l’écriture de mon roman jeunesse, j’ai parfois eu l’impression de rogner le néant avec une cuillère, de creuser un minuscule tunnel dans la vaste obscurité en avançant millimètre par millimètre.
On croirait donc que c’est l’aboutissement de l’œuvre et son lancement dans le monde que je préfère... Sauf que non, car à ce moment-là on n’a plus aucun contrôle et, dans le meilleur des cas, même une œuvre bien reçue nécessite un déploiement d’énergie intense pour bien l’accompagner.
Non, le seul aspect que j’affectionne dans tout ce maudit processus de création — et clairement je l’aime beaucoup puisque c’est ce qui me pousse à persévérer d’un livre à l’autre —, c’est lorsque l’écriture est avancée, que je me sens en phase avec mon projet, que mes idées foisonnent, que tout prend son sens, que je suis totalement habitée par mon texte, jour et nuit.
Or c’est généralement ce bout que mon entourage apprécie le moins, vu que je deviens une ermite et que même mon amoureux, avec qui je partage désormais mon tout petit logement, a l’impression de cohabiter avec une fantôme.
Pendant des semaines, je deviens quasi muette et mes yeux voient sans regarder.
Les rares fois durant ces périodes où je reviens parmi les vivants, c’est pour mieux leur offrir mes accès logorrhéiques durant lesquels je mute en savant fou monomaniaque.
Engagez-vous, qu’ils disaient...
Gare à vos droits !
Une amie m’a demandé conseil récemment pour son tout premier livre. Elle s’apprêtait à signer un contrat d’édition qui prévoyait un pas pire à-valoir (un chèque dans les 750$ si ma mémoire est bonne), mais des pourcentages de redevance pourris.
Or il faut savoir que l’à-valoir, versé au moment de la signature du contrat d’édition, est en fait une avance sur les droits d’auteurices, et donc ce montant sera déduit de vos redevances.
Je lui ai donc recommandé de ne pas signer ce contrat et de négocier ses droits d’autrice à la hausse.
Pour votre gouverne, pour un livre, peu importe le genre, il faut viser un bon minimum de 10 % des ventes. C’est ce qui constitue la norme au pays, mais aussi en France, en Allemagne et aux États-Unis. En dessous de ça, c’est trop faible.
J’en profite pour attirer votre attention sur les 10 erreurs à ne pas commettre lors de la signature d’un contrat d’édition, un document de référence parmi tous ceux sur les «clauses qui tuent» que l’on retrouve sur le site de l’Union des écrivaines et écrivains du Québec (UNEQ).
Encore de l’amour !
C’est demain la Saint-Valentin et notre recueil 15 brefs essais sur l’amour a donc un an. Et c’est qu’il a une belle et longue vie en plus! Pas plus tard qu’il y a quelques jours, c’était au tour de la chaîne ARTV de le recommander parmi une magnifique sélection d’ouvrages...
«Ah, l’amour! Bien que la passion soit universelle, chacun et chacune possède sa propre réalité en matière d’expérience sentimentale. Dans ce recueil d’essais dirigé par Marilyse Hamelin, on trouve 15 textes, dont ceux de Fabiola Nyrva Aladin, de Mélanie Michaud, de Maude Landry ou encore d’Ouanessa Younsi. L’amour est-il une construction sociale, une utopie littéraire ou une simple question d’hormones? À l’aide de multiples réflexions sur ce thème, l’ouvrage nous invite à plonger en nous afin d’observer notre rapport singulier à l’amour et sa portée.»
Merci! 😊
Moi aussi, c'est mon moment préféré de l'écriture, quand tout foisonne et s'emboîte, même si ça devient un processus envahissant avec trois enfants. Ce que j'aime aussi, c'est la réécriture. Le sculptage. Les débuts sont durs, il faut débroussailler, et ça sort tout croche. Puis la publication, ouf. Je trouve ça stressant et j'ai juste envie de retourner écrire.
Intéressant ce recueil-essai sur tes années d’engagement féministe. xx